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Ce fut d'abord une brise, un murmure fétide et tiède, telle une gueule cariée crachant sa bile. Les oiseaux voletaient craintifs, les troupeaux s'affolaient en vain. Sans crier gare surgit la fièvre. Pétrifiés de douleur, grotesques, nombre d'entre nous s'effondrèrent dans un bal désarticulé. Un torrent de puantes vermines, dans un grondement souterrain, depuis les égouts éventrés, s'épancha sur tous nos chemins. Tout comme les champs qu'on ne laboure, la chair se creusât d'afflictions. Nous vîmes fleurirent les noirs bubons, prêts à éclore en éruptions. Nous aurions bâti une cité, si seulement les morts étaient pierre. Nous fûmes anéantis, les rescapés s'en furent. Poursuivis par nos miasmes, qui toujours prolifèrent.
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Ode à la Vie
05:43
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Je les voyais, gauches et malhabiles, parader dans ce triste étalage. Eructer, dans un langage exsangue, des inepties bien de notre époque. Mes congénères ? Nul autre courroux n'aurait su m'affliger davantage. Ce miroir à peine déformé, est comme une gerbe d'excrément à mon visage. Pourtant j'en suis, de cette race cloporte, que seule la stupidité crasse préserve du suicide de masse. Malgré sa dégénérescence, cet essaim nuisible ne cesse de proliférer. Prêt à s'entre-dévorer, l'homme est un loup pour l'homme. Un loup obèse et souillé que la thrombose répugne à emporter. Il n’est pire maladie que cet orgueil bouffi et millénaire. Cet orgueil qui permet à ces infectes créatures de respirer sans éprouver une haine coupable envers leur propre existence. C’est parce que je fais partie de ce tout honteux que je m’inflige, jusqu’à la mort inéluctable, d’être une bête parmi les bêtes. Cette engeance méprisable qui se ronge les sangs. Comme une rouille tenace qui intoxique les vents. Parasite du monde, avec son hôte disparaîtra.
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Maternelle et Aimante
05:31
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Un cri dans la nuit, déchire ce doux voile blanchâtre. Tirés d'un lourd sommeil, les morts frissonnent sous terre et chassent ce cauchemar pour se rendormir. Il vous faut veiller, la terreur s'immisce et rampe. Comme la pluie qui gorge le voyageur surpris, la peur vous glace les os. Vos sens brouillés, le sang à vos tempes qui cogne. Horloge qui martèle le décompte de vos existences. Il est l'heure ! Votre porte soufflée en éclat, elle s'apprête à souiller le seuil. Votre main tremblante ne saurait lui porter un coup. Sous un lit se terrent vos délicieux enfants. Vos chairs trop rugueuses, pour le gourmet que je suis, sont comme des croutes moisies que je jette aux ordures. La cueillette se termine, mon panier s'agite et pleure. Ignorant la poignée à mes trousses, je fuis vers mon antre. Les serres tout encombrées, de pantins apeurés. Je vais peupler de nouveaux jouets, ma maison de poupée. Bienvenue aux nouveaux arrivés, installez-vous et dormez. Nous formons désormais une famille, je suis là pour veiller au grain. Personne ne vous arrachera à mon sein. Riez, jouez pour contenter votre mère. Le cœur léger, j'en oublie ma faim. Ménagez, toujours votre mère. Car si jamais elle devait se sustenter, vos os rejoindraient vos sœurs et frères.
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4. |
Le Chant des Lépreux
06:45
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Entendez-vous nos crécelles déchirer la tendresse du soir ? Hâtez-vous pauvres fous ! Fuyez places et ruelles ! Épris du mal affreux qui à jamais ronge les chairs. Nous déambulons masqués tandis que nous fanons. Fuis, haïs puis chassés, nous sommes les fruits pourris d’Eden. Sculptures inachevées de l'imperfection humaine. Nos corps, terres brûlées, incarnent honte et décrépitude. Mère douleur libère nous de ton étreinte. Laisse filer nos corps racornis au travers (de) tes griffes. Laisse nos âmes s'extirper du laid et flotter avec le vent. En vérité, c’est en vos cœurs meurtris que festoie la lèpre, insatiable. Un jour pourtant, sècheront vos chairs fraiches et rosées. Le poids des années s'abattra comme un voile grisâtre et usé. Et entre quatre planches s’épandront enfin vos viscères. Alors notre souvenir grimaçant, comme un spectre malvenu, vous rappellera, non sans douleur, que votre heure est passée. Marchez devant, marchez au loin. Marchez devant, marchez plus loin. Qu’importe où vous courez, la mort toujours vous vieille. Et haut perchée sur vos épaules, guide les corneilles.
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Catacombes
05:25
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Nulle brise, sous les pierres, ne se risque à frémir. En ce jardin souterrain toutes chairs fanent sereines. Etendus, ces joyeux dormeurs, qu’aucun chant n’éveille, sourient à la mort d'une inaltérable tristesse. Dortoir incestueux de la charogne assoupie. L'obscurité s'y précipite arpentant ces galeries. Catacombes sous nos pieds, elle inhale nos déchets. Ses entrailles silencieuses bercent nos ainés. Elle garde en son sein une alcôve douillette. Un lit froid et grossier sans draps ni duvets. Où je puisse sans encombre m'étendre puis rêver. M'abandonner, sombrer dans la noirceur. Alors mon crâne satisfait sera entreposé. Ralliant, anonyme, ces blanches cohortes.
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6. |
Effluves Douceâtres
05:24
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Par-delà les folles senteurs qui nous enivrent, une odeur rance et pourrie ternit ce jeune printemps. Ce parterre d'immondes charognes. Effluves douceâtres. Nul Dieu pour pleurer, nul Dieu pour goûter les saveurs du carnage. Comme les fruits trop mûrs que la tempête soustrait à l'arbre. On voit pourrir, des silhouettes trop jeunes. Nul Dieu à pleurer, nulle âme à qui offrir les tourments de la chair. La grêle frappe et martèle. La récolte est perdue. Il faut répandre la semence et prier.
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7. |
La Perle Maudite
09:08
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A la lueur des torches, dans le plus grand secret, nous exhumions la dépouille, fébriles et horrifiés. On aurait pu croire les funérailles toutes fraiches tant le verni du bois nous apparaissait jeune. Pourtant la tombe était plus qu'ancienne. Vestige maudit d'une époque perdue. Le couvercle finit par céder au prix de lourds efforts, nous dévoilant un corps d'un blanc nacré, intact. La décomposition n'avait aucunement opéré, comme si le temps s'était figé, tétanisé. Délibérément, la nature avait boudé les chairs, comme une bête qui d'instinct se détourne du poison. Contemplant sans voix ce spectacle impossible, nos esprits fous s'échouèrent dans une torpeur sourde. Un vent chaud, vomit de quelques souterraines entrailles, souffla nos flambeaux. Les ténèbres nous engloutirent, s'ajoutant, vertigineuse, à notre errance. La lune filtra au travers des nuages, révélant le cercueil maintenant vidé. Nous ne vîmes pas cette ombre, froide, s'étirer pour fondre sur nos têtes. Nos carcasses exsangues embrassèrent la terre, prêtes à nourrir son grouillant peuple. Des torrents de Vespère de Savi noircirent l'encre du ciel nocturne. Les créatures de la nuit entamèrent une valse morbide. Une terreur millénaire venait de jaillir à nouveau et un âge sombre ressuscité.
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8. |
L'Effroyable
10:22
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Sombres présages menaçants. Les chiens s’entre-tuèrent, sauvages. D'infectes blattes vomirent nos urinoirs. Les vieux fous se jetèrent depuis les ponts. Les clochards crottés fuirent la nuit venue. Et nous la vîmes, terrible, indicible. Froide présence, angoisse de mes songes. Telle la charrue, qui retourne la terre fumante, elle éventre la chair grasse et sanglante. Abandonnant les dépouilles aux fossés. Charrette maudite qui sur son passage aliène nos esprits crédules. Nulles torches, nulles fourches pour la repousser. Nos portes restent closes et nos couteaux sont tirés. C'est le Diable qui descend de ce carrosse sinistre. Sous leurs robes écarlates ses servants s'activent. Inquisition ! Les voilà entrés dans nos murs. Aussi difformes que cruels. Ainsi débute la question.
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9. |
La Cage
06:21
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Dans les cimes de nos plus vieilles cités, se balancent quand hurle le vent, gémissantes et ô combien rouillées, les éternelles cages aux suppliants. Chaque carne qui y trouve logis sympathise avec les vautours. Confessant dans une longue agonie le testament qui emporte ses maux. Araignée torve chérissant sa proie. Patiemment tu attends l'heure. Patiemment tu attends mon heure. Et lorsque l'os a fini par blanchir, que les derniers lambeaux ont chu. Nombreux sont les prétendants au siège. La place est fort convoitée. Qui n'a rêvé d'un tel privilège ? Haut comme l'oiseau, les anges à portée. Ces chaleureux bras de fer m'étreignent, reconnaissant, je ne peux contenir mes larmes. Ici personne ne conteste mon règne. Nulle âme ne peut briser le charme. La cage, triste harde de fer. La cage, mon tourment, mon enfer.
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10. |
Hypnotique Catatonie
06:11
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Comme la main d'un homme qui expire, on vit décroître le soleil dans une ultime révolution. Avènement d'une nuit sans aube. Les ombres ne fuiraient plus à présent. Depuis les vertigineux clochers se précipitaient d'amorphes silhouettes. Suspendues dans leur chute, elles formaient un tourbillon tranquille se dispersant au sol. Ces corps entrelacés célébraient grotesques, figés dans un balai morbide, la fin de toute chose. La toile de cet austère monochrome, comme le temps s'échappe du sablier, à vue d'œil pourrissait. On eut dit que la nature devenue catatonique, vomissait en un flot noirâtre sa volonté de croître et grimper.
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11. |
Une Charogne
10:06
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Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
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